Pour comprendre le climat, nous devons comprendre les océans, le réseau Argo y contribue largement

Pour comprendre le climat, nous devons comprendre les océans, le réseau Argo y contribue largement

Depuis quinze ans, des milliers de sondes Argo (à ne pas confondre avec les balises Argos) sillonnent l'océan, se laissant dériver et plongeant régulièrement jusqu'à 2.000 m avant de remonter pour transmettre leurs données vers des satellites. 

Argo est une « révolution dans l’histoire de l’océanographie » résume Guillaume Maze, océanographe physicien au centre Ifremer Bretagne, à Brest. C'est un bilan très riche que décrit l’équipe internationale de pilotage dans l'article Quinze ans d’observations de l’océan avec le réseau global ArgoDepuis 2000, grâce à plus de 10.000 sondes Argo, il est « devenu possible de mesurer avec une couverture mondiale et en temps réel la température et la salinité des 2.000 premiers mètres de l’océan ».

Parce que le réseau est homogène dans l'espace et le temps tout au long de l’année, « on arrive à suivre la quantité de chaleur des océans à travers des analyses des profils de température ; [de quoi] calculer la quantité de chaleur présente dans l'océan ». De plus, Argo montre comment « la chaleur de l'océan varie à l'échelle du mois et de la saison en s'affranchissant des variations régionales ou saisonnières ».

Jason et les Argonautes au service de l'océanographie

Le réseau Argo tire son nom de la mythologie grecque. Au début des années 2000, la communauté internationale des chercheurs en océanographie physique lance au même moment les programmes de satellites altimétriques Jason et le réseau Argo, du nom du bateau des Argonautes menés par Jason. Cela souligne la complémentarité entre la mesure altimétrique depuis l’espace et les données in situ acquises par les sondes Argo.

 

Le réseau Argo est lancé en 1999, avec des sondes qui, en plus de dériver pour étudier les courants marins, « se sont mises à monter et descendre le long de la colonne d’eau, ce qui a permis de réaliser des profils océanographiques ». Un objectif de « 3.000 flotteurs dans les océans » est alors fixé. Il ne sera atteint qu’en novembre 2007. Il aura donc fallu une dizaine d’années pour que ce réseau atteigne son objectif de déploiement opérationnel. 

Aujourd’hui, 3.900 sondes sont en opération dans l'océan et trente pays participent à ce programme. Afin d’assurer la pérennité du réseau, chaque année « 700 nouveaux flotteurs sont mis à l’eau pour remplacer ceux tombés en panne ou arrivés en fin de vie ». La France en renouvelle ainsi environ soixante à soixante-dix par an depuis la mise en place du programme il y a 15 ans. 

Une sonde Argo se présente sous la forme d’un long tube de deux mètres de long et de moins de vingt centimètres de diamètre. Elle fonctionne de manière autonome en réalisant « continuellement un même cycle de dix jours, effectué environ 150 fois ». Ce cycle débute par une phase de neuf jours de dérive libre à environ 1.000 mètres de profondeur. Le dixième jour, elle descend jusqu’à une profondeur de 2.000 mètres puis, aussitôt, remonte à la surface en mesurant « des données de température, de salinité et d'oxygène ». Équipée d’un système de géolocalisation et de communication par satellite, chaque sonde Argo envoie ses données vers un satellite qui les relaie à un des onze centres de collecte des données dans le monde, dont un se situe à Brest.

Les balises Argo travaillent de concert avec les satellites

Le réseau Argo est complémentaire d’autres instruments, embarqués à bord de bateaux ou de satellites. L’utilisation conjointe d'outils spatiaux et des sondes Argo « permet d’avoir des vues complémentaires de la circulation des océans et de sa dynamique ». Les mesures d’Argo sont ainsi à l’origine de plus de 2.000 publications scientifiques dont beaucoup révèlent le réchauffement des océans depuis le début du XXe siècle. Exemple de résultats significatifs : le réseau Argo est le principal fournisseur de données océaniques in situ qui a permis de déterminer que « 93 % de l’excès de chaleur introduit dans le système terrestre par l’intensification de l’effet de serre depuis 1971 a été stocké dans les océans ».

Enfin, au début de la mise en place des sondes Argo, la « communauté n’avait pas encore idée du rôle majeur que joue l’océan austral dans la dynamique globale ». Ainsi, par leur densité et leur qualité, les données Argo permettent de mieux comprendre l'information contenue dans les bases de donnéeshistoriques.

Source : futura-sciences.com

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