Deux ans après les manifestations, le projet du barrage de Sivens est revu à la baisse

Deux ans après les manifestations, le projet du barrage de Sivens est revu à la baisse

Après deux années de controverses et des manifestations marquées par la mort de Rémi Fraisse en 2014, le projet initial de grand barrage à Sivens a été abandonné par l’Etat qui va ouvrir des discussions pour une retenue d’eau moins ambitieuse.

L’arrêté d’abandon de la retenue d’eau de Sivens prévoyant l’abrogation de la déclaration d’intérêt général du projet a été signé jeudi, par le préfet du Tarn et son collègue du Tarn et Garonne. Cet arrêté est susceptible d’un recours devant le tribunal administratif de Toulouse, précise le texte.

« C’est un joli cadeau de Noël pour les Tarnais », a réagi le président du Tarn, Thierry Carcenac, pour lequel cette signature va permettre à l’Etat « de dédommager le département ». L’accord transactionnel porte sur une compensation de 3,4 millions d’euros sur l’abandon du projet: 2,1 ME pour les dépenses en pure perte et 1,3 ME pour réhabiliter la zone humide.

Le barrage de Sivens a suscité dès son origine une vive contestation. La zone a été occupée et a été à l’origine de manifestations avec des heurts lors desquels le militant écologiste Rémi Fraisse a été tué par une grenade offensive lancée par un gendarme. L’enquête est toujours en cours.

L’officialisation de cet abandon, a été critiqué par le sénateur DVD du Tarn et Garonne, François Bonhomme, lequel avait révélé la signature « en catimini » de l’Etat. Il a dénoncé un « gâchis », une « capitulation » et un « Noël de la lâcheté ». « Ce sont des gens qui ne connaissent rien au dossier et qui s’expriment pour faire monter la mayonnaise », lui a rétorqué le président de l’assemblée départementale et collègue au sénat M. Carcenac.

Cet arrêté va permettre au contraire d’engager les discussions sur la nouvelle retenue d’eau qui va s’inscrire « dans l’un des premiers projets de territoire » voulus par la ministre de l’Environnement Ségolène Royal, a relevé M. Carcenac.

L’arrêté « ne remet pas en cause le projet de Sivens », a déclaré à l’AFP Xavier Beulin, président de la FNSEA. Pour lui, il s’agit seulement d’un « recalibrage du projet » initial et la profession « attend la réalisation de cet ouvrage pour des questions agricoles et de salubrité ».

Surnommée le « Sivens light », la nouvelle retenue pourrait être construite en amont et devrait représenter la moitié de l’ancien projet.

Cette nouvelle version est déjà fortement contestée. José Bové, député européen écologiste préconise ainsi « plusieurs retenues avec des petits lacs collinaires », « une meilleure utilisation des retenues existantes dans la zone » ou de revoir les types de cultures car « il va y avoir une raréfaction de l’eau ».

Le chef de file EELV du prochain conseil régional Midi Pyrénées, Gérard Onesta, souhaite « un débat serein » et réclame avant toute décision une « vraie réflexion de fonds », notamment sur le type d’agriculture qui doit être pratiqué.

Selon M. Onesta, l’accord « de nouvelle gouvernance » qu’il vient de signer avec la future présidente de la région, la PS Carole Delga permettra d’étudier toutes les hypothèses et pourrait amener à organiser une consultation de la population.

Source : goodplanet.info

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