Une île perdue au milieu du Pacifique sortie de terre il y a 4 ans, pourrait nous en apprendre sur Mars !

Une île perdue au milieu du Pacifique sortie de terre il y a 4 ans, pourrait nous en apprendre sur Mars !

Que peut bien faire la Nasa sur une île perdue dans l'océan Pacifique sud ? Étudier la Terre... et Mars, bien sûr ! Sortie de l'eau il y a seulement quatre ans, Hunga Tonga-Hunga Ha'apai est peut-être en effet un petit bout de la Planète rouge, quelques milliards d'années dans le passé.

La nature malmène Hunga Tonga-Hunga Ha'apai, de son petit nom HTHH. Cette petite île a pointé son nez en janvier 2015 suite à l'éruption d'un volcan sous-marin dans l'archipel des Tonga. HTHH résiste depuis quatre ans contre vents et marées, échappant au sort sinistre qu'a connu en 2009 une île issue du même volcan, rapidement balayée par les flots.

HTHH n'est que la troisième île de type surtseyenne en 150 ans à survivre au-delà de quelques mois. Ce n'était pas gagné car durant ses premiers six mois d'existence, les vagues ont eu raison du côté sud de son cône volcanique. Mais l'érosion a ralenti et se poursuit depuis à un rythme plus modéré.

En 2017, la Nasa estimaient que HTHH pourrait persister encore 6 à 30 ans. Cette prédiction tient-elle toujours après les observations faites sur le terrain ? « C'est la grande question », approuve Dan Slayback, du Goddard Space Flight Center, qui s'est rendu sur l'île en octobre 2018.

Il avait deux grands objectifs en tête. Le premier était d'effectuer des relevés de position et d'altitude pour calibrer les satellites, ce qui permettra de calculer le volume de HTHH et de suivre son évolution au cours du temps. Son second objectif était de « chercher des signes de palagonitisation », car ce processus hydrochimique entraînant la solidification des cendres en un matériau plus dur apporterait un éclairage sur la longévité actuelle et future de l'île.

Les premiers signes de palagonitisation

« La clé, c'est la quantité de palagonites formées sous le cône après l'éruption, révèle Dan Slayback. S'il y en avait peu, la pluie va finir par les emporter, s'il y en avait beaucoup, peut-être que l'île va perdurer. » Les palagonites se forment lorsque « des cendres chaudes interagissant avec l'eau de mer se solidifient pour devenir presque aussi dures que du bétonCela requiert de la chaleur et de l'eau. Si la masse [de cendres] est suffisamment importante, la chaleur peut rester ».

Au cours de leur visite sur HTHH, Dan Slayback et ses collègues ont trouvé et prélevé par endroit de petites roches jaunâtres, qui semblent être des palagonites. Ce sont à l'heure actuelle des traces minimes. Mais si ce processus « a eu lieu massivement, la couche de palagonites est probablement toujours enterrée sous une bonne couche de cendres et pourrait être exposée avec le temps », indique Dan Slayback.

C'est une des raisons pour lesquelles il s'efforce de développer un modèle 3D de HTHH et d'en calculer son volume, ainsi que la quantité de cendres et de roches volcaniques expulsées lors de l'éruption. Il peut désormais préciser les données des satellites.

Des îles volcaniques sur Mars dans un passé lointain ?

Il fallait s'y attendre : les pensées de la Nasa ne s'éloignent jamais vraiment de Mars. HTHH, qui affronte les éléments au beau milieu du Pacifique, et qui pourrait reposer sur un lit de palagonites, est peut-être une fenêtre ouverte sur le passé de la Planète rouge« Les sondes de la Nasa ont observé des cônes volcaniques de taille comparable, d'un ou deux kilomètres de diamètre, figés dans le temps à des stades d'érosion similaires. »

Cela suggère que la géologie martienne, à l'époque où le volcanisme était encore actif, ressemblait à celle de la Terre et que « ces volcans étaient probablement entourés d'eau ». Peut-être étaient-ils sous-marins ou bien l'eau est arrivée plus tard. En tout cas, ces mers et ces océans auraient engendré une érosion similaire sur les cônes volcaniques martiens.

Il y a des indices de la présence de palagonites sur Mars, mais cela reste « encore controversé », ajoute Dan Slayback. « Comme la palagonitisation n'est pas rare sur Terre, il y a de grandes chances qu'elle se produise également sur Mars puisque les processus géologiques semblent y être similaires. Ce serait excitant qu'une mission martienne aille voir sur ces sites. » A priori, cela ne figure pour l'instant pas au programme de la Nasa.

Source : futura-sciences.com

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