Ce satellite va révolutionner notre vision de la pollution et dévoiler précisément les zones terrestres qui polluent le plus

Ce satellite va révolutionner notre vision de la pollution et dévoiler précisément les zones terrestres qui polluent le plus

Le satellite Sentinel 5P a été lancé depuis la Russie. Il servira à détecter les gaz traces et les aérosols qui constituent la pollution de l'air. Actuellement, cette pollution provoque la mort de 3,7 millions de personnes dans le monde.

Ce vendredi 13 octobre, le satellite Sentinel 5P a été lancé sans encombre à 11h27 depuis la base spatiale de Plesetsk. La fusée Rockot a filé à grande vitesse vers l’espace. Après séparation, le satellite s’est installé sur une orbite polaire à 824 km d’altitude, où il deviendra le traqueur des pollueurs de l'air. Ce lancement est très important à l’heure où la pollution de l’air tue prématurément (avant 65 ans) 3,7 millions de personnes dans le monde, dont 520.400 personnes sur le seul continent européen en 2014, comme l’a rapporté il y a deux jours l’Agence européenne de l’environnement.

Les premières mesures seront prises dans 36 jours. Le satellite de 820 kg est le premier de la flotte des Sentinels consacré à l’atmosphère au sein du programme Copernicus. A son bord, le spectromètre Tropomi est chargé de détecter les gaz traces et les aérosols de 2,5 microns présents dans l’atmosphère. Pour cela, il observera la lumière solaire renvoyée dans l’espace par la surface de la Terre, détectant dans son spectre les traces caractéristiques des polluants. Ces polluants résulte du trafic routier et de la combustion des énergies fossiles, l’ozone qui peut causer de sérieux problèmes respiratoires, le formaldehyde qui est relâché par les feux de forêts et la combustion du bois, le méthane, mais aussi le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone ou encore l’oxyde d’azote.  

"On pourra voir quelles sont les villes polluées et même suivre à la trace les bateaux pollueurs sur les océans"

"Sentinel 5P fournira un grand nombre de données sur le changement climatique et la pollution, explique Kevin McMullan, le chef du projet. Il donnera clairement l’origine et l’intensité des pollutions. On pourra voir quelles sont les villes polluées, ou même suivre à la trace les bateaux pollueurs sur les océans". Avec une fauchée de 2600 km, le satellite cartographiera entièrement la planète chaque jour. "Cela permettra de suivre le développement d’une pollution et on pourra ainsi alerter les populations. De même, on pourra voir depuis l’orbite les efforts faits par les gouvernements, tels que l’introduction des voitures électriques. C’est la découverte du trou dans la couche d’ozone qui a amené au retrait des CFC."

Si l’on pointe directement du doigt tous les pollueurs de la planète, si l’on peut le suivre sur les mers, cela va peut-être faire bouger les lignes… De plus, les données étant gratuites et accessibles à tous, on va sans doute assister au développement d’une nouvelle météo des pollutions et d'applications diverses.

Détecter et cartographier précisément les panaches volcaniques

Sentinel 5P sera également capable de détecter et cartographier précisément les panaches volcaniques. C’est une donnée importante notamment pour les avions. En 2011, lors de l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull, les avions furent en effet bloqués au sol dans 11 pays européens, laissant 10 millions de voyageurs au sol. Une situation que nous ne devrions plus revivre, grâce à ce nouveau satellite.

Avec une durée de vie estimée à sept ans au moins, Sentinel 5P est aussi une mission de démonstration d’un instrument qui équipera ensuite les satellites météo MetOp de seconde génération. Le premier d’entre eux devrait être opérationnel en 2021. Car la pollution de l’air a un impact sur la météo, en même temps que sur le changement climatique. C’est une mission peu coûteuse (240 millions d’euros), qui a été développée rapidement après l’arrêt prématuré en 2012 d’Envisat, le satellite européen dédié à l’étude des paramètres environnementaux de la Terre.

La série des Sentinels a été initiée le 3 avril 2014 avec le lancement de Sentinel 1A. Elle est la partie spatiale de l’ambitieux programme européen Copernicus de surveillance de la Terre qui a démarré concrètement en juillet 2013.

Source : sciencesetavenir.fr

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