À Kigali, un accord historique contre le réchauffement climatique interdit les réfrigérants HFC

À Kigali, un accord historique contre le réchauffement climatique interdit les réfrigérants HFC

L’amendement de Kigali, signé par 197 pays, prévoit l’élimination progressive des réfrigérants HFC, puissants gaz à effet de serre. La planète devrait ainsi éviter 0,5 °C de hausse de température d’ici à 2100.

Le protocole de Montréal vient au secours de l’accord de Paris. Adopté en 1987, le texte destiné à protéger la couche d’ozone des hautes couches de l’atmosphère va s’avérer très efficace pour lutter contre le réchauffement climatique. Dans la nuit de vendredi à samedi, les négociateurs se sont en effet entendus pour éliminer progressivement les HFC des systèmes de réfrigération.

Ces hexafluorocarbones sont les substituts des chlorofluorocarbones (CFC) dont la molécule de chlore rongeait l’ozone, provoquant aux antipodes un trou dans cette couche protectrice contre le rayonnement solaire. Le remplacement désormais achevé s’est avéré efficace. Le trou dans la couche d’ozone est en train de se réduire, et les scientifiques pensent que le rétablissement sera total dans la deuxième partie du siècle.

Mais ce succès international se fait au détriment du climat puisque les HFC ont un pouvoir de réchauffement 14 000 fois plus élevé que le CO2 et représentent 20 % du total des émissions de gaz à effet de serre. C’est ce que vient corriger l’“amendement de Kigali”.

Climatiseurs, réfrigérateurs, armoires réfrigérantes, entrepôts

Le protocole de Montréal va donc provoquer une nouvelle mutation technologique. Les HFC devront s’effacer devant de nouveaux réfrigérants dans la climatisation des habitats, des bureaux et des véhicules, dans les réfrigérateurs domestiques ainsi que dans les vitrines des supermarchés et les entrepôts. Soit des millions d’appareils à changer en quelques années.

Les nouveaux réfrigérants fonctionnent aux hydrocarbures, au dioxyde de carbone, à l’ammoniac, à l’eau et à des substances chimiques de synthèse appelées hydrofluoroléfines (HFO). « Le Protocole de Montréal a toujours catalysé des transformations du marché plus rapide que les dates fixées par les calendriers d’éliminations’est félicité Durwood Zaelke, président de l’Institute for Governance and Sustainable Development (IGSD). Ce texte a toujours fonctionné selon la méthode “démarrer d’abord, renforcer ensuite”.

Pour obtenir l’accord des 197 États membres de l’ONU signataires du protocole de Montréal, les négociateurs sont donc resté fidèles à cette méthode qui marche. Pour démarrer, les pays développés entameront leur remplacement dès 2019 avec une réduction immédiate de 10 % de l’utilisation des HFC. Le groupe des pays en voie de développement “ambitieux” qui inclut la Chine, l’Afrique du sud, le Brésil et une centaine d’autres pays, commencera son gel en 2024. L’inde et un petit groupe de pays moins “allants” ont obtenu un sursis jusqu’en 2028. Les pays riches devront avoir atteint 85 % de baisse en 2036, les pays “ambitieux” en 2045 et les derniers en 2047

“Un démarrage anticipé des pays en voie de développement et le groupe ambitieux qui inclut la Chine, assure une transition rapide des marchés, ce qui signifie que les retardataires devront effectuer leur transition beaucoup plus vite que la date sur laquelle ils se sont accordés”, estime Maxime Beaugrand, spécialiste de la question à l’IGSD.

Selon les premières estimations, 72 milliards de tonnes équivalentes de CO2 devraient être évitées d’ici à 2050 et un gain d’environ 8 à 10 milliards de tonnes supplémentaires est attendu grâce à des dispositions sur le recyclage et l’élimination des co-produits à fort pouvoir de réchauffement dans les unités industrielles de fabrication des HFC. Sans cet accord, ces derniers auraient provoqué une hausse de 0,5 °C des températures mondiales. Il s’agit donc d’un moyen rapide et efficace pour limiter la hausse des température à 2 °C d’ici la fin du siècle, ainsi que le prévoit l’accord de Paris.

L'institut de Berkeley aux États-Unis a évalué la hausse des températures mondiales attribuables aux HFC du fait de la multiplication des systèmes de refroidissement et de climatisation dans le monde et l'évolution qui sera désormais suivie grâce à l'accord trouvé à Kigali. Selon l'Institut, le taux d'équipement en matériel de climatisation grimpe actuellement de 15% par an dans la plupart des pays en voie de développement.

Source : sciencesetavenir.fr

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