La production mondiale d'algues explose, mais ne doit pas se faire au détriment de l'environnement

La production mondiale d'algues explose, mais ne doit pas se faire au détriment de l'environnement

Dans le monde, la consommation d’algues explose. Une étude des Nations Unies met en garde sur les risques environnementaux et socio-économiques.

De zéro dans les années 1950 à 25 millions de tonnes en 2014 : la culture des macro-algues a littéralement explosé dans le monde. Cette croissance s’effectue à 99% en Asie du sud-est. La Chine pèse 54% de la production, l’Indonésie 27%. Alors que la pêche stagne et que l’aquaculture atteint ses limites, cette nouvelle source alimentaire est porteuse de nombreux espoirs.

Les algues sont très demandées sur les marchés au point d’assurer des revenus de plus de 5,7 milliards d’euros pour des communautés qui dépendent des produits de la mer. 75% des algues sont destinées à la consommation humaine, le reste étant utilisé dans la nourriture animale, la production d’engrais et les additifs alimentaires.

Mais une telle croissance ne peut se faire sans provoquer des effets non désirés sur l’environnement prévient une étude menée par 21 organismes de recherche réunis sous l’égide de l’Université des Nations-Unies. « Une croissance rapide de la culture des algues sera globalement bonne pour le commerce, mais nous devons aussi essayer de minimiser les effets négatifs sur l’environnement côtier marin, prévient Elisabeth Cottier-Cook, auteur principal de cette étude. 

Cette industrie doit se développer d’une façon durable qui ne considère pas seulement l’augmentation de ses bénéfices mais assure les plus hauts standards de biosécurité pour éviter la diffusion d’agents pathogènes ».

Une nouvelle activité sur des espaces littoraux convoités

En matière d’environnement, la culture d’algues s’inscrit dans des espaces littoraux déjà très convoités tant en matière de production d’énergie marine, d’activités portuaires, d’industries, et d’aquaculture. Mais cette production s’avère être plus une solution qu’un problème. En Tanzanie, la culture d’algues a permis de réduire la surpêche en proposant une autre source de revenus aux populations locales et de nombreuses femmes ont pu entrer sur le marché du travail. 

Des organismes de recherche dans le monde ont développé le concept d’aquaculture intégrée multi-trophique. L’un des impacts les plus redoutés de l’aquaculture de poissons et crustacés, c’est en effet le rejet massif de matière fécale provoquant l’eutrophisation du milieu marin. L’idée est donc d’associer des algues qui vont se nourrir de cette matière organique en excès.

Plusieurs types d’aquaculture intégrée sont développés depuis deux décennies principalement en Chine et en Corée. Dans la péninsule du Shandong, l’aquaculture associe ainsi les algues avec la culture d’ormeaux et de concombres de mer. Cette technique se développe aussi en Afrique de l'est.

La biodiversité pour lutter contre les maladies

Les agents pathogènes constituent un défi autrement redoutable. Le principe de tous les types d’aquaculture, c’est de concentrer sur des espaces restreints un nombre limité d’espèces, ouvrant la voie à des contaminations bactériennes et virales.

Les chercheurs préconisent donc d’augmenter la biodiversité génétique des espèces d’algues et de ne pas se contenter d'une seule variété productive. Le rapport de l’ONU préconise de créer un centre de recherche sur les macro-algues qui n’existe pas encore, de monter une banque de graines, de préserver la diversité génétique des espèces sauvages et de développer des programmes de biosécurité du milieu marin.

L’aquaculture intégrée devra également être présentée comme une voie prometteuse de production de protéines marines dans le respect de l’environnement côtier.

La production d’algues en France


Selon le Centre d’exploitation et de valorisation des algues (CEVA), la production annuelle française est de l’ordre de 70 000 tonnes à 90% issues de Bretagne. Il ne s’agit pas d’aquaculture, mais à 99% de collecte dans le milieu naturel, 65 000 tonnes par des bateaux goëmoniers et 5000 tonnes par collecte à pied sur l’estran. Ces algues ne sont pas consommées mais transformées en additifs alimentaires. Les alginates, agar-agar, carraghénanes extraits des algues sont en effet utilisés comme gélifiants et texturants dans les yaourts, dentifrices, flans, sauces, glaces, etc.

Source : sciencesetavenir.fr

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