En Ethiopie, inauguration d'un train électrique reliant la capitale Addis-Abeba à Djibouti

En Ethiopie, inauguration d'un train électrique reliant la capitale Addis-Abeba à Djibouti

Après quatre ans de travaux, l’Ethiopie a inauguré mercredi une ligne ferroviaire entre Addis Abeba et Djibouti, financée et construite par la Chine, avec pour ambition de désenclaver l’économie éthiopienne et doper les échanges avec le voisin djiboutien.

La cérémonie a eu lieu à la gare nouvellement construite de Feri-Labu, à environ 20 km du centre d’Addis, en présence du Premier ministre éthiopien Halemariam Desalegn et du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh. Les deux chefs d’Etat ont dévoilé une plaque dans la gare, avant de faire une brève visite à l’intérieur du train.

Le président djiboutien a salué le « lien historique » qui unit les deux pays. M. Desalegn a estimé que cette ligne ferroviaire « accélérerait la croissance de l’industrie manufacturière » éthiopienne, tout en donnant des « opportunités d’emplois » aux Ethiopiens. Cette ligne de 750 km doit permettre de relier la capitale éthiopienne au port de Djibouti, qui donne sur la mer Rouge, en une dizaine d’heures à peine, contre un trajet de plusieurs jours par la route.

Elle enterre définitivement l’ancien chemin de fer franco-éthiopien mis en service en 1917 et qui fonctionnait encore laborieusement entre le nord-est de l’Ethiopie et Djibouti, au prix d’une lenteur proverbiale et de fréquents déraillements. Le gain de temps est considérable, alors que 1.500 camions empruntent chaque jour cette route surchargée et mal entretenue, sur laquelle transitent près de 90% des importations éthiopiennes.

Et ce chiffre ne cesse d’augmenter à mesure que l’Ethiopie, pays enclavé sans accès à la mer, se développe. L’Ethiopie avait la plus forte croissance économique au monde en 2015 (10,2%), mais celle-ci pourrait chuter à 4,5% en 2016 en raison d’une forte sécheresse, selon le Fonds monétaire international.

« Ce train représente un changement majeur. L’Ethiopie est l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique. La connexion avec les ports (de Djibouti) va booster notre économie et accélérer notre croissance », assure Mekonnen Getachew, le responsable du projet pour la Compagnie ferroviaire éthiopienne (ERC).

C’est aussi l’avis de Tingrit Worku, un importateur éthiopien. « On est très excité. En ce moment, l’un des plus grands problèmes, c’est qu’il y a beaucoup d’aide alimentaire au port de Djibouti. Elle a priorité sur le reste et on a du mal à sortir nos cargaisons. Si le train peut les prendre, ça va être un gros soulagement. »

La nouvelle ligne se veut aussi une vitrine de la technologie chinoise sur le continent. Les 3,4 milliards de dollars d’investissement ont été financés à 70% par la banque chinoise Exim Bank. Deux sociétés chinoises, China Railway Group et China Civil Engineering Construction Corporation se sont partagé la construction.

« C’est le premier train électrifié de gabarit standard sur le continent construit selon les normes chinoises et avec la technologie chinoise. Beaucoup de monde devrait en tirer parti », a déclaré dans un communiqué l’ambassadeur chinois en Ethiopie, La Yifan. Ismaël Omar Guelleh a d’ailleurs salué lors de la cérémonie le rôle de la Chine, un partenaire « qui nous a épaulés et a été essentiel dans la transformation structurelle » de la région.

L’inauguration sera suivie par une période test de trois mois, lors de laquelle le train ne transportera pas de passagers, mais seulement des marchandises. Ce train Addis-Djibouti est la première étape d’un vaste réseau ferroviaire. L’Ethiopie entend construire 5.000 km de voies ferrées d’ici à 2020. L’objectif est de connecter cette ligne avec le Soudan via Mekele, le Kenya via Moyale, et le Soudan du Sud via Gambella.

A plus long terme, ce train doit être le point de départ d’une ligne ferroviaire transafricaine qui traversera le continent d’Est en Ouest, de la mer Rouge à l’océan Atlantique, dans le golfe de Guinée. Ce trajet serait bien plus direct que le contournement du continent en bateau, qui prend trois semaines. Mais cette ambition est encore lointaine, puisque le tracé passerait par des pays en crise comme le Soudan du Sud et la Centrafrique.

Source : goodplanet.info

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