Il y a un milliard d'années, Vénus aurait pu accueillir la vie grâce à une atmosphère tempérée

Il y a un milliard d'années, Vénus aurait pu accueillir la vie grâce à une atmosphère tempérée

Avec ses 450 °C et ses pluies d'acide sulfurique, Vénus paraît être un enfer. Mais des simulations suggèrent aujourd'hui que la planète a pu être un temps habitable, jusqu'à il y a 715 millions d'années.

Avec des océans et des températures clémentes, elle aurait alors pu abriter une vie semblable à la nôtre. Les conditions requises dépendent de l'atmosphère et de la rotation de la planète. De quoi intéresser les exobiologistes qui cherchent à préciser la notion de zone d'habitabilité.

Jusque vers la fin des années 1950, il semblait raisonnable qu'il existe une forme de vie sur la planète Vénus. Pourquoi ? Parce que sa surface, invisible, est continuellement cachées par des nuages que les astronomes de l'époque interprétaient comme un signe probable d'un climat humide et chaud, avec des océans et des marécages.

Mais en 1958, des radioastronomes captent des signaux provenant de l'atmosphère de Vénus suggérant une température de l'ordre de 600 kelvins, proche du point de fusion du plomb. Tous les chercheurs n'ont pas été surpris cependant.

À partir de certaines observations laissant penser que l'atmosphère vénusienne était majoritairement composée de gaz carbonique, l'astronome Rupert Wildt avait conclut dès 1940 qu'il devait exister un fort effet de serre. Selon lui, la température de Vénus devait atteindre le point d'ébullition de l'eau.

Un effet de serre emballé et une tectonique des plaques disparue

C'est le jeune Carl Sagan qui a montré, en 1960, que sur Vénus l'effet de serre devait produire des températures infernales. L'hypothèse, et celle de la forte concentration en CO2, ont été confirmées par les premières sondes spatiales à s'approcher de la planète en 1962 et 1967. Aujourd'hui, la pression au sol est estimée à 90 atmosphères (90 fois celle de la Terre, donc) et la température à quelque 750 kelvins (soit environ 480 °C) pour les régions les plus chaudes.

Mais pourquoi une telle différence avec la Terre alors que Vénus est légèrement moins massive et plus petite que la planète bleue ? Déjà en 1971, le planétologue James Pollack était arrivé à la conclusion que Vénus pouvait avoir eu un océan il y a des milliards d'années. Sur Terre, les carbonates, sous forme de sédiments, ont pu se former à partir d'une quantité de gaz carbonique équivalente à celle contenue dans l'atmosphère de Vénus.

La sœur de la Terre aurait été victime d'une effet de serre qui se serait emballé, causant l'évaporation de son eau, rendant impossible par exemple la formation de calcaire marin, piégeant le CO2. On suspecte aussi que la disparition de cette eau a paralysé une possible tectonique des plaques dont le fonctionnement dépend de la subduction de plaques contenant des sédiments hydratés. 

Or, le cycle des roches associé à cette tectonique influe également sur le cycle du carbone en jouant le rôle d'un thermostat contre un emballement de cet effet de serre sur de grandes échelles de temps. L'évaporation des océans de Vénus aurait donc conduit à un cercle vicieux, bloquant une tectonique des plaques.

Comment modéliser le climat de Vénus ?

Si la présence d'océans et même d'une atmosphère aux températures suffisamment clémentes pour permettre l'apparition de la Vie a bien été une réalité, combien de temps ont-ils duré ? Un début de réponse vient d'être apportée par un groupe de chercheurs.

Ils ont utilisé un modèle de circulation générale (pour general circulation model), semblable à ceux utilisés pour le climat de la Terre. Il faut pour cela construire des simulations numériques sur superordinateurs, de la thermodynamique et du transfert de rayonnement appliquées à des fluides, en l'occurrence une atmosphère et des océans.

Les chercheurs ont toutefois fait quelques hypothèses sujettes à caution mais raisonnables. Tout d'abord que la topographie de la planète était la même que celle observée par le radar de la sonde Magellan. Ensuite que la rotation de Vénus, qui est très lente puisqu'elle se fait en 243 jours, était identique ou peu différente dans le passé. (Incidemment, comme la période orbitale de la planète est de 225 jours, un jour sur Vénus dure 119 jours terrestres.)

Source : futura-sciences.com

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