Malgré ses objectifs la France est en retard sur les énergies renouvelables, il y a des efforts à faire

Malgré ses objectifs la France est en retard sur les énergies renouvelables, il y a des efforts à faire

Sans un effort accru, la France n’atteindra pas les 23% de consommation d’énergie renouvelable en 2020, comme elle s’y est engagée en 2009 auprès de la Commission européenne.

En 2015, 14,9% de la consommation finale d’énergie de la France (regroupant l’électricité, les transports, le chauffage) était d’origine renouvelable. "Insuffisant" tranche une note que vient de publier le Commissariat général au développement durable (CGDD). L’objectif assigné à la France par la Directive européenne du 23 avril 2009 est en effet fixé à 23% de la consommation finale dont au moins 10% dans les transports.

"Alors que la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie a progressé de 5,7 points en dix ans, elle devra progresser de 8,1 points supplémentaires durant les cinq prochaines années pour atteindre l’objectif de 23% à la fin de la décennie", pointe la note qui s'appuie sur les trajectoires définies en 2009 par  le plan national d'action en faveur des énergies renouvelables.

Toutes filières confondues, la France a réalisé en 2015 63% de l’objectif. Pour atteindre le but fixé, il faudra que la France consomme plus de 13 millions de tonnes-équivalent-pétrole (TEP) d’énergies renouvelables supplémentaires par an d’ici la fin de la décennie. Il faut doubler l’effort : ces dix dernières années la progression n’a été que de 7,3 millions de TEP ! Le pays n’est donc pas sur une trajectoire suffisante.

Une revue par secteur montre bien les efforts à accomplir :

Electricité renouvelable : La part d’électricité renouvelable a été de 18,9% en 2015 alors que l’objectif de ce secteur est de 27%. En absence d’effort supplémentaire, la France sera à 20,5% en 2020. Le déficit constaté de 1,2 millions de TEP provient, selon la note, de la filière éolienne. Si l’éolien terrestre est à 88% de son objectif, l’éolien offshore qui devait à l’origine commencer à produire en 2012, n’alimentera le réseau au mieux qu’à la fin de la décennie. Les filières émergentes connaissent des sorts divers. Le solaire photovoltaïque est à 260% de ses objectifs. En revanche, la géothermie électrique ne remplit que 29% de ses objectifs, les énergies marines (hydroliennes, éoliennes flottantes) 62%. La production d’électricité à partir de chaudières à bois ou de déchets urbains n’atteint que la moitié de son objectif.

Chauffage et refroidissement : en matière de chauffage et de refroidissement, la part est aujourd’hui de 18,8% alors que l’objectif est à 33%. L’objectif n’est atteint qu’à 76% et un retard de 3,6 millions de TEP est constaté. Encore ce secteur est-il bien aidé par le changement climatique qui fait se succéder les hivers doux (2015 est la troisième année la plus chaude derrière 2011 et 2014). La consommation de bois de chauffage par les ménages est à 90% de la réalisation de l’objectif.

En revanche, les réseaux de chaleur alimenté par du bois ou des déchets ménagers ne sont qu’à 73% de l’objectif. La bonne surprise provient des pompes à chaleur, technologie quasiment inutilisée en France au début du XXIe siècle et dont la présence dans la liste des énergies renouvelables a longtemps été discutée. Sa pénétration dans le secteur de l’habitat individuel est aujourd’hui révélée par le fait que l’objectif du secteur est rempli à 132% si bien que un quart de la croissance des énergies renouvelables est attribué aux pompes à chaleur. L’essor récent du biogaz pourrait aider à rattraper une partie du retard du secteur.

Les transports :  c’est le seul secteur où la trajectoire est en ligne avec l’objectif. Ce résultat est principalement attribué aux biocarburants dont l’utilisation a augmenté de 2,4 millions de TEP entre 2005 et 2015. Ceux-ci sont cependant de plus en plus contestés quand ils sont produits à partir de produits alimentaires (maïs pour le biodiesel, blé et betterave pour l’éthanol). L’électricité renouvelable dans les transports routiers reste marginale. L’essor du biogaz pourrait là aussi aider à la réalisation des objectifs.

Source : sciencesetavenir.fr

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