Grâce aux territoires d'outre-mer la France étend son domaine sous-marin de 500.000km2

Grâce aux territoires d'outre-mer la France étend son domaine sous-marin de 500.000km2

La France vient d’étendre son domaine maritime de 579.000 km2, près de l’équivalent de la superficie de l’Hexagone, un atout pour Paris qui accroît ainsi ses droits souverains sur les ressources du sol et du sous-sol marin en vue d’une exploitation future.

Quatre décrets ont été publiés fin septembre au Journal Officiel (JO) fixant les limites extérieures du plateau continental français au large de la Martinique et de la Guadeloupe, de la Guyane, des îles Kerguelen et de la Nouvelle-Calédonie.

C’est en effet grâce à ses territoires d’outre-mer que la France peut revendiquer la deuxième place en termes de puissance maritime, juste derrière les Etats-Unis, avec 11 millions de km2 de Zone économique exclusive (ZEE).

Cette convention, dite de Montego Bay, permet aux pays côtiers d’étendre leur plateau continental au-delà des 200 milles marins (environ 370 km) de leur ZEE – jusqu’à une limite maximale de 350 milles – s’ils démontrent que leur territoire terrestre se prolonge sur le fond des océans. Les droits d’un Etat sur cette zone ne s’exercent cependant que sur le sol et le sous-sol marin et non sur la colonne d’eau, qui reste du domaine international.

« Il y a sûrement un enjeu de souveraineté, mais l’enjeu principal c’est l’exploitation des ressources du sol et du sous-sol marin », explique Walter Roest, ancien responsable auprès de l’Ifremer du programme national d’extension raisonnée du plateau continental (Extraplac), et aujourd’hui membre de la CLPC.

Certains pays ont commencé à mener des campagnes d’exploration dans ces zones, mais aucun n’est pour l’instant en mesure d’exploiter les richesses qui pourraient s’y trouver, tels des hydrocarbures, sulfures hydrothermaux, encroûtements cobaltifères, nodules polymétalliques, ressources biologiques ou terres rares, des métaux au coeur des nouvelles technologies.

La possibilité offerte aux Etats d’accéder à des ressources naturelles du sol et du sous-sol marin ouvre cependant les appétits. Mais « mettre les pieds dans l’eau, c’est souvent dix fois plus cher que de rester à terre », souligne Antoine Rabain, spécialiste en économie maritime au sein d’Indicta, la nouvelle division conseil et études stratégiques du cabinet Mprime Energy.

Malgré cet écueil, « la quasi-totalité des marchés de l’économie maritime sont en croissance, un phénomène assez inédit dans le contexte économique actuel », ajoute-t-il. La France a ainsi déjà investi 25 millions d’euros depuis 2003 pour étendre son plateau continental, un budget « parmi les plus modestes des grands pays maritimes », note cependant Walter Roest, qui cite des enveloppes de 100 millions d’euros pour le Danemark, 150 pour le Canada, 200 pour la Russie et même 750 pour le Japon.

« On travaille vraiment pour les générations futures », assure-t-on au ministère des Affaires étrangères. Des générations futures qui devront cependant s’acquitter d’une taxe pouvant aller jusqu’à 12% des profits issus de l’exploitation de ces ressources et destinée à venir en aide aux pays en développement.

Les zones concernées par ces extensions en France portent sur une superficie de 423.000 km2 au large des îles Kerguelen, de 76.000 km2 au large de la Nouvelle-Calédonie, de 72.000 km2 au large de la Guyane et de 8.000 km2 au large de la Martinique et de la Guadeloupe.

Si toutes les demandes soumises par la France étaient validées, le domaine maritime sous juridiction française pourrait augmenter d’au « moins un million de km2 », assure Benoît Loubrieu, autre chercheur de l’Ifremer, impliqué dans le programme Extraplac.

Source : good planet.info

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