Le procédé de l'agroforesterie progresse et permettrait d'équilibrer les émissions de gaz mondiales

Le procédé de l'agroforesterie progresse et permettrait d'équilibrer les émissions de gaz mondiales

Une étude menée par huit organisations internationales réévalue l’importance de ce système agronomique mêlant cultures et arbres. 43% des surfaces agricoles mondiales comptent au moins 10% d’arbres.

Chaussé de bésicles françaises, l’agroforesterie peut apparaître comme une pratique agricole marginale incompatible avec une vision de l’agriculture qui veut qu’arbres et cultures ne peuvent cohabiter sur les mêmes espaces. Ainsi, depuis que l’agriculture existe, près de la moitié de la surface des forêts et landes a été transformée en champs ou en prairies.

Le recensement patient de huit organismes internationaux bat en brèche cette assertion. Sur les 22,2 millions de km² de terres agricoles recensées dans le monde, 43% comportent au moins 10% de leurs surfaces plantées en arbresPour arriver à ce résultat publié dans Scientific reports, les chercheurs ont utilisé les données obtenues par les images à résolution de 250 mètres du satellite MODIS et comparé l’utilisation des sols entre 2000 et 2010.

La tendance observée va même dans le sens d’un mélange des deux systèmes, puisque les surfaces concernées ont augmenté de 2% en dix ans. Grâce à des politiques incitatives, le Brésil, l’Indonésie, la Chine et l’Inde connaissent la plus forte augmentation d’arbres en terres agricoles, tandis que l’Argentine, le Myanmar et la Sierra Léone enregistrent la plus forte baisse.

Ce résultat incite à revoir les décomptes du GIEC sur le stockage de carbone dans les sols. Ce rôle est reconnu être important pour les forêts et considéré comme plus faible pour les sols agricoles ou les labours notamment relarguent le carbone dans l’atmosphère. Ainsi, le GIEC estime que les sols agricoles les plus pauvres ne stockent que 5 tonnes de carbone à l’hectare quand les sols forestiers emmagasinent de 20 à 100 fois plus selon qu’ils soient tropicaux, tempérés ou boréals.

L’agroforesterie ne change pas vraiment ce ratio mais améliore le bilan agricole. Au niveau mondial, le stockage de carbone par l’agriculture est passé de 45,3 milliards de tonnes en 2000 à 47,37 milliards de tonnes en 2010, soit plus de 2 milliards de tonnes soustraites à l’atmosphère, dont plus de 75% provient des arbres.

Stockage de carbone et amélioration de la fertilité

Ceux-ci non seulement stockent le carbone dans leurs bois, mais ils améliorent également la teneur en carbone des sols et donc leur fertilité. Car cette technique agronomique permet aussi d’améliorer les rendements au point d’être de plus en plus utilisée dans les pays en voie de développement. La Banque Mondiale estime ainsi qu’un 1,2 milliard d’agriculteurs dépendent de cette technique. Les arbres retiennent l’eau dans le sol, le nourrissent et favorisent la vie microbienne, ont un rôle de coupe-vent et sont producteurs de revenus notamment par le choix d’espèces fruitières.

En France, le ministère de l’Agriculture est un ardent défenseur de cette technique supportée par ailleurs par l’Association française d’agroforesterie. Mais elle n’est appliquée que sur un peu plus de 10 000 hectares pour une surface agricole utile de plus de 27 millions d’hectares. Pourtant, les travaux de l’Inra montrent que l’agroforesterie moderne est rentable quelque soit le type de culture.

Son rôle de captage de carbone a par ailleurs été reconnu lors de la COP21 à Paris en décembre 2015. Le programme « 4/1000 » adopté à cette occasion consiste en effet à augmenter la teneur en matière organique des sols agricoles notamment par l’agroforesterie. Dans l’absolu, des terres bien gérées pourraient absorber l’essentiel des gaz à effet de serre émis par les activités humaines.

Source : sciencesetavenir.fr

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