Il y a quelques semaines a eu lieu une marée extrêmement forte, est-ce la marée du siècle ?

Il y a quelques semaines a eu lieu une marée extrêmement forte, est-ce la marée du siècle ?

Voici en une infographie vidéo le principe de formation de la marée. Quant aux grandes marées, comme celle du 21 mars 2015, il faut la réunion de 4 ingrédients pour qu'elles apparaissent...

Plus de 14 mètres de haut, soit la hauteur d’un immeuble de 4 étages : c'était la différence de niveau entre la pleine mer et la basse mer (marnage) en baie du Mont-Saint-Michel le 21 mars 2015. Mieux qu’une grande marée, une "marée du siècle", la première de ce nouveau millénaire

"Un petit abus de langage, tempère toutefois Nicolas Weber, du service hydrographique et océanographique de la Marine. L’événement est certes exceptionnel, mais il se répète tous les 18 ans et demi". Et ceci, grâce à une rare conjonction de plusieurs phénomènes liés à la mécanique céleste.

4 phénomènes se conjuguent pour faire de cette marée un événement exceptionnel

La marée est en effet une application directe de la loi de la gravitation de Newton. Elle est générée par l’action de la Lune et du Soleil, qui conjuguent leurs forces pour "attirer" les masses d’eau de la terre et les déplacer. Au moment de la pleine lune et de la nouvelle lune, lorsque notre satellite est aligné sur la terre et le soleil, la gravitation est la plus forte, et la marée haute

Deuxième phénomène : les marées d’équinoxe, au rythme de deux par an, à l’automne et au printemps. Alors, le soleil étant exactement au niveau de l’équateur, sa force d’attraction et donc la marée sont au plus fort. Le troisième phénomène est lié au plan de révolution de la lune autour de la terre. Il est habituellement différent de celui de la terre autour du soleil. Mais il arrive que les deux coïncident. Ce qui augmente, à nouveau, l’attraction gravitationnelle.

Le quatrième et dernier phénomène tient, quant à lui, à la course de la lune. Elle ne dessine pas, autour de la Terre, un beau cercle concentrique mais une ellipse. Au plus proche, elle attire d’avantage l’eau terrestre. Le 21 mars 2015, ces quatre phénomènes étaient réunis pour "générer un coefficient de marée de 119, souligne Nicolas Weber, sachant que le maximum sur l’échelle est de 120".

La vitesse d'un cheval au galop ? C'est un peu exagéré...

Tous les rivages ne connaîtront pas l’extraordinaire retrait des eaux de la baie du Mont-Saint-Michel. "Après celle de Fundy, sur la côte Atlantique canadienne, c’est le site au monde où les marées sont les plus fortes", insiste Nicolas Weber.

Cette amplitude est due à un fond marin relativement plan, sur lequel les flots peuvent se mouvoir sans trop d’obstacles. "On a coutume de dire que la marée monte ici à la vitesse du galop d’un cheval, sourit Pierre Weber. C’est quelque peu exagéré. Un cheval au galop atteint environ 20 km/h. La marée, quant à elle, se déplacera à 6 à 7 km/h. Mais c’est plus rapide que l’allure d’un bon marathonien sur une telle distance, qui plus est dans du sable mouillé !"

Il fallait donc faire preuve de prudence. Et pas seulement dans la baie du Mont-Saint-Michel. Partout l’eau devait monter à son maximum. "Il vaut mieux éviter d’aller voir le fameux rocher, ou la fameuse épave, qui ne se découvrent que tous les 18 ans", poursuit Nicolas Weber. Eviter aussi de marcher au pied des falaises en s’éloignant du sentier qui permet de grimper se mettre au sec.

D’autant que la marée haute n’atteint pas tous les rivages au même moment. Rien qu’en Manche, entre Brest et Le Havre, le décalage est de six heures trente. En cas de marée, il est donc primordial de vérifier les prédictions de marée. 

Il faut aussi prendre garde à la météo, qui représente un phénomène aggravant. La prévision de marée est en effet calculée pour une pression moyenne de 1015 hectopascal. Dès que celle-ci diminue, elle exerce une pression moins forte sur la mer et le niveau de l’eau monte. 

C’est ce qui s’est passé lors de l’épisode Xynthia : la tempête a généré un surplus d’eau (une surcote) de 1,50 mètre, elle est arrivée sur les côtes françaises exactement au moment des vives eaux d’une grande marée, et les a submergées. Bref, il est important de rester vigilant pour profiter au mieux de l’incroyable spectacle que nous offre le ballet des astres. Le prochain lever de rideau n'aura pas lieu avant... le 3 mars 2033.

Source : sciencesetavenir.fr

mer océan marée lune Soleil gravitation eau équinoxes