Une algue microscopique qui prolifère dans les océans trahit l'augmentation de CO2 dans l'eau

Une algue microscopique qui prolifère dans les océans trahit l'augmentation de CO2 dans l'eau

Une algue marine microscopique a vu sa présence décupler de 1965 à 2010 dans l'Atlantique nord. Un phénomène qui signale un accroissement du dioxyde de carbone (CO2) absorbé par l'océan.

La prolifération de ces algues, appelées coccolithophores, est surtout forte depuis la fin des années 1990 quand les émissions de CO2 produites par les activités humaines se sont nettement accrues, précisent ces chercheurs dont l'étude est publiée jeudi dans la revue américaine Science.

Un phénomène de grande ampleur

Les coccolithophores sont des organismes unicellulaires, qui composent une partie du phytoplancton, que l'on trouve au fond des océans. Ils produisent une grande part de la masse sédimentaire marine due à l'accumulation post-mortem de leur micro-squelette composée de petites plaques calcaires, appelées coccolithes.

Les mesures effectuées en Atlantique révèlent qu'ils prolifèrent de façon tout à fait surprenante. "C'est un phénomène étrange qui se produit beaucoup plus rapidement que nous l'avions pensé", relève Anand Gnanadesikan, professeur adjoint au département de géophysique et des sciences planétaires de l'Université Johns Hopkins, un des co-auteurs de cette découverte.

"Ce qui est inquiétant, c'est que nos résultats montrent à quel point nous sommes ignorants du fonctionnement d'écosystèmes complexes", ajoute-t-il. Cette observation met en lumière la possibilité d'un changement rapide de l'écosystème marin suggérant que "les modèles informatiques actuels, visant à anticiper les réactions de ces systèmes écologiques au réchauffement climatique, pourraient être trop conservateurs", poursuit le scientifique.

Un impact encore inconnu

"L'analyse des données provenant des observations du plancton, effectuées dans l'Atlantique nord et la Mer du nord depuis 1965, laissent penser que l'accroissement du CO2 dans l'océan est la cause de cette forte prolifération", explique Sara Rivero-Calle, une scientifique de l'Université. Plusieurs autres études de laboratoires confortent cette hypothèse, souligne-t-elle.

Outre l'impact des émissions de carbone sur le réchauffement climatique, "les conséquences sur l'écosystème marin, de l'émission de milliers de tonnes de CO2 dans l'atmosphère depuis des années, sont déjà là et cela n'est que la pointe de l'iceberg", juge la chercheuse. 

L'accroissement de ces populations signale historiquement un changement environnemental, note William Balch, du Laboratoire Bigelow pour la science océanique dans le Maine, autre auteur de l'étude.

"Ces micro-algues ont été plus abondantes pendant les périodes chaudes interglaciaires quand les teneurs atmosphériques en CO2 étaient élevées", précise-t-il. Les coccolithophores jouent un rôle dans le cycle du carbonate de calcium qui est un facteur de régulation du CO2 absorbé par les océans, précise-t-il.

Mais à court terme, elles limitent l'absorption océanique du dioxyde de carbone. Ce n'est que sur le long terme, sur des dizaines ou des centaines de milliers d'années, qu'elles contribuent au stockage du CO2. Aussi les scientifiques, s'interrogent-ils sur les conséquences de cette prolifération sur le climat des prochaines décennies. Ils n'ont pas encore de modèle adéquat pour répondre à cette question.

Source : sciencesetavenir.fr

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