Le 1er tour du monde en bateau sans aucune énergie fossile bouclé par le skipper Conrad Colman

Le 1er tour du monde en bateau sans aucune énergie fossile bouclé par le skipper Conrad Colman

Arrivé le 24 février 2017 après 110 jours de course, le concurrent du Vendée Globe Conrad Colman est le premier marin à avoir effectué le tour du monde avec la seule aide des énergies renouvelables.

C'est le Bertrand Piccard de la marine à voile ! Conrad Colman a bouclé son tour du monde à la voile sans avoir dépensé une seule goutte de pétrole. C'est une première. Il faut savoir en effet que les marins de la course au large partent toujours avec une réserve de 300 litres de gazole. Il s'agit d'avoir en permanence de l'électricité à bord pour les liaisons Internet et le téléchargement des cartes météo, mais surtout pour faire marcher les pilotes automatiques. "Le skipper change les voiles et décide du cap, mais 95% du temps c'est le pilote automatique qui tient la barre ", s'amuse Conrad Colman.

Le skipper (qui est aussi le premier Néo-zélandais à avoir bouclé un tour du monde sans escale) a, lui, choisi "par philosophie personnelle" de n'utiliser que le vent, les courants et le soleil pour alimenter sa vie à bord et son essentiel outil de barre.

Conrad Colman ne partait pas de rien quand il a développé son idée il y a un an. Lors du précédent Vendée Globe, Javier Sanso sur Acciona était également parti sans gazole. Mais malheureusement, le skipper espagnol avait perdu sa quille à quelques jours de l'arrivée. "Acciona m'a inspiré bien sûr, mais ce bateau utilisait beaucoup de nouvelles technologies expérimentales, précise Conrad Colman. 

Dans mon projet, il n'y a que des techniques matures déjà éprouvées". Les moteurs électriques commencent en effet à faire leur percée. La société Oceanvolt commercialise ainsi depuis la fin des années 2000 des systèmes électriques pour les catamarans de croisière. "Ce marché de la plaisance est de plus en plus porteur pour la motorisation électrique", reconnait Ambre Eppler, responsable commerciale du fabricant de batteries Super B. 

"Nos moteurs sont couplés à des batteries au lithium qui se chargent et se déchargent complètement très rapidement, ce qui permet par exemple d'entreprendre des manœuvres rapides dans les ports ", explique Julien Montibert, ingénieur à Super B. Dans la course au large, les besoins de puissance ne sont pas aussi importants "mais cette disponibilité de puissance rassure", poursuit Conrad Colman.

Les tours du monde sans gazole devraient se multiplier

Premier souci du projet : éviter que le moteur électrique et ses batteries soient plus lourds que le réservoir de gazole. Pari gagné : "Nous avons même gagné du poids ce qui est essentiel pour un bateau de course", se réjouit le skipper. Second challenge : avoir en permanence la puissance nécessaire à la bonne marche du bateau.

Le système électrique était alimenté par des hydro-générateurs, des petites ailettes fixées sur la coque qui exploitent la traînée du bateau dans l'eau. Le pont a accueilli deux panneaux solaires d'une puissance totale de 400 watts. Pour expérimentation, les voiles étaient également munies de surfaces photovoltaïques souples en polymère. Pas d'éoliennes. Pas besoin. "Au bout du compte, la puissance dont je disposais était dix fois supérieure aux autres concurrents", note Conrad Colman.

Selon la vitesse du bateau, hydro-générateurs et panneaux solaires ont été capables de produire entre 1 et 8 kilowatt/heure. Largement de quoi répondre aux besoins. Les huit batteries ont eu suffisamment de capacités pour éviter que les générateurs soient toujours en fonctionnement. Les appareils ont produit avec fiabilité un courant continu en 48 volts, convertis en 12 volts pour alimenter ses instruments.

Stockées dans une enceinte étanche, les batteries n'ont pas souffert de l'humidité et n'ont pas été endommagées par les chocs violents que connaît un bateau de course. La pénurie n'a jamais menacé, sauf à deux jours de l'arrivée quand son bateau a démâté. "En tombant, le mât a brisé les panneaux solaires, et sous gréement de fortune, le bateau est allé moins vite ce qui a diminué l'efficacité des hydro-générateurs", raconte le skipper. Ces déboires lui ont valu dix jours de plus en mer.

Conrad Colman en est certain. Lors du prochain Vendée Globe, les skippers seront bien plus nombreux à oser le pari des énergies renouvelables. Le skipper néo-zélandais s'est promis d'en parler à ses collègues dans quelques semaines, lors de la prochaine réunion des Imoca, la jauge des bateaux du Vendée Globe Challenge.

Source : sciencesetavenir.fr

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