Les prochains vols habités de SpaceX ne rassurent pas la NASA suite à l'explosion de deux lanceurs

Les prochains vols habités de SpaceX ne rassurent pas la NASA suite à l'explosion de deux lanceurs

Après les deux explosions du Falcon 9 de SpaceX, la Nasa s’interroge. La culture du risque d’Elon Musk et son lanceur sont-ils bien en phase avec les règles de sécurité qu’elle applique aux vols habités ?

Dépendante de la Russie pour envoyer ses astronautes vers la Station spatiale internationale depuis l'arrêt de la navette (juillet 2011), la Nasa a décidé, en septembre 2014, de confier aux entreprises Boeing et SpaceX la rotation des équipages à destination du complexe orbital. Deux ans plus tard, et après deux explosions du Falcon 9, elle s'interroge quant au respect des règles de sécurité.

Ce qui tracasse la Nasa, c'est l'utilisation d'oxygène « sur-refroidi », mis en cause dans l'explosion au sol d’un Falcon 9 survenue le 1er septembre 2016. Bien qu'Elon Musk ait affirmé avoir identifié la cause de cette explosion et résolu le problème, il reste tout de même quelques zones d'ombre. Par exemple, on ne sait toujours pas ce qui a pu provoquer la formation de cet oxygène solide.

Pour comprendre cette inquiétude, il faut savoir que SpaceX prévoit d'utiliser le même lanceur, que ce soit pour lancer des Hommes ou des satellites. La contrepartie de l'utilisation de cet oxygène liquide sur-refroidi est que le remplissage du lanceur doit se faire rapidement et seulement peu de temps avant son décollage, car il est très difficile de le maintenir à température.

Le délai est de l'ordre d'une trentaine de minutes. Une demande de dérogation a donc été faite auprès de la Nasa, pour autoriser la présence d'un équipage à bord du lanceur lors du remplissage, avec tous les risques que cela comporte. C'est là que le bât blesse.

SpaceX devra-t-il revoir sa copie ?

Il faut savoir que l'oxygène se liquéfie à la température de -182,96 °C. Pour la propulsion spatiale, il est utilisé à une température encore plus basse (-196 °C). Avant SpaceX, aucun constructeur n'utilisait de l'oxygène liquide (LOX) refroidi en-dessous de ces -196 °C en raison d'une méconnaissance de ses propriétés dans ce domaine et d'une mise en œuvre délicate.

Or, SpaceX descend encore plus bas en température, à -207 °C, d'où ce nom de « LOX sur-refroidi ». S'il le fait, c'est pour augmenter la performance du lanceur, alors limitée pour le lancement de grosses charges en orbite de transfert géostationnaire, tout en permettant la récupération de l'étage principal qui nécessite une quantité d'ergols supplémentaire utilisée lors du retour. À -207 °C, l'oxygène se densifie. Il prend donc moins de place, ce qui permet de stocker une quantité plus grande dans un même réservoir, d'où ce gain de performance.

Évidemment, la Nasa ne demande pas à SpaceX de construire un nouveau lanceur. Il suffirait de ne plus utiliser cet oxygène sur-refroidi mais de l'employer à la température standard, d'autant plus que, pour lancer vers la Station une capsule Dragon, qu'elle soit habitée ou pas, de l'oxygène liquide standard suffirait. Problème : SpaceX ne veut pas de cette solution qui déroge aux règles de son modèle économique. La société souhaite en effet n'utiliser qu'une seule version de son lanceur, qu'une température de LOX et elle veut récupérer systématiquement le premier étage.

Source : futura-sciences.com

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