Les algues filamenteuses s'invitent en Méditerranée, mais ne sont que temporaires

Les algues filamenteuses s'invitent en Méditerranée, mais ne sont que temporaires

De plus en plus nombreuses dans les eaux méditerranéennes, ces algues inquiètent pêcheurs et touristes. Mais leur présence n’est que temporaire.

Si vous plongez cet été en bordure des côtes de la Méditerranée, il y a de fortes chances que vous aperceviez des tapis d’algues filamenteuses, à l’aspect jaunâtre, sur les fonds et les rochers immergés. Pas besoin de bouteilles, un simple tuba et une descente à deux ou trois mètres suffiront à les distinguer. Ces algues ont colonisé la colonne d’eau depuis la surface jusqu’à 20-25 mètres de profondeur et au-delà dans une moindre mesure.

Le phénomène n’est pas nouveau mais prend de l’ampleur et la prolifération des algues suscitent l’inquiétude. Mais pas d’inquiétude : ces algues ne sont pas dangereuses et leur multiplication résulte d’un réchauffement temporaire des eaux, expliquait l'année dernière Alain Couté, spécialiste des microalgues au Muséum national d’histoire naturelle.

Un phénomène naturel connu depuis les années 70

Sous l’appellation microalgues filamenteuses, sont regroupées une trentaine d’espèces appartenant à douze genres différents. Elles ont cependant des caractéristiques communes : leur taille varie entre 10 et 15 micromètres, leur couleur est jaune et quelques espèces temporaires sont rouges ou bleues. Elles forment sous l’eau une sorte de voile brumeux, voire nuageux qui "affecte les animaux fixés comme les coraux, les moules ou les gorgones en formant un filet inextricable qui bloque la nourriture tombant de la surface et dont les espèces benthiques profitent habituellement", explique Alain Couté. 

Ses conclusions sont nettes : les algues filamenteuses sont susceptibles d’avoir des poussées de croissance dès que l’eau est suffisamment chaude, soit d’avril à novembre en Méditerranée. Mais leur croissance s’effectue par poussées durant quatre ou cinq jours. Elles peuvent alors coloniser un vaste territoire rapidement, quand les conditions sont réunies : "Elles ont besoin d’une eau chaude, sans agitation de surface ou de profondeur. Le moindre refroidissement ou épisode pluvieux affecte leur développement", précise le chercheur.

Faut-il s’inquiéter de la présence accrue de ces algues repérées depuis quarante ans et qui gagnent réellement du terrain depuis quinze à vingt ans ? Non, répond Alain Couté qui signale que cette prolifération est un phénomène naturel et que ces microalgues filamenteuses ne sont pas des espèces invasives contrairement à Caulerpa taxifolia, macroalgue verte qui a colonisé la Méditerranée. De plus, même si une grande partie des fonds est colonisée cet été, le phénomène sera temporaire puisque dès que la température de l’eau chutera, les algues disparaîtront.

Reste que le phénomène prend de l’ampleur et a été particulièrement important en 2014. Aussi la vigilance est-elle de mise. D’autant plus que les eaux de la Méditerranée sont en train de se réchauffer. C’est là que les plongeurs occasionnels peuvent jouer un rôle en signalant la présence d’algues dans les zones qu’ils ont fréquentées. Une initiative de science participative les intégrant pourrait permettre de mieux surveiller le phénomène et mesurer le taux d’expansion des microalgues filamenteuses. 

Source : sciencesetavenir.fr

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