L'atmosphère absorbe 10 fois plus de CO2 que lors de l'extinction des dinosaures, un record

L'atmosphère absorbe 10 fois plus de CO2 que lors de l'extinction des dinosaures, un record

Avec 37 milliards de tonnes de CO2 injectées dans l'atmosphère chaque année, l'humanité bat d'un facteur 10 le taux d'injection record mesuré dans les sédiments océaniques déposés depuis 66 millions d'années, date qui marque l'extinction des dinosaures.

Sommes-nous à l'abri d'une catastrophe climatique ? Rien n'est moins sûr. En effet, c’est précisément dans les systèmes dynamiques non linéaires que peut s’introduire le chaos. Leur futur devient alors imprévisible et un état d’équilibre peut soudainement disparaître, conduisant le système à évoluer jusqu’à ce qu’il se produise littéralement une catastrophe, au sens usuel du terme. (le terme vient du grec ancien katastrophế qui signifie « renversement »).

Les climatologues ne peuvent plus garantir qu’il ne se produira pas un tel évènement si la température moyenne de la planète s’élève de plus de deux degrés à cause des gaz à effet de serre. C’est pourquoi ils fouillent les archives climatiques en espérant y trouver des informations cruciales sur l’avenir de la Terre.

Pour cela, ils ont prélevé des carottes dans les glaces des Inlandsis. L'objectif : y trouver des bulles d’air piégées depuis moins d’un million d’année. Ils ont également fait cette opération de prélèvement dans les sédiments marins déposés au fond des océans. Les chercheurs s’intéressent notamment au maximum thermique du Paléocène-Eocène (Paleocene-Eocene Thermal Maximum, ou PETM en anglais), survenu il y a 56 millions d'années.

Des émissions de gaz carbonique inédites

Les premières études concernant le maximum thermique du Paléocène-Eocène ont montré que les températures mondiales auraient alors augmenté d'environ 6 °C en seulement 20.000 ans. Cette augmentation se serait accompagnée d'une hausse correspondante du niveau des mers, en même temps que l'ensemble des océans se réchauffait. Une quantité de carbone à peu près aussi grande que celle contenue dans les gisements actuels de charbon, de pétrole et de gaz naturel aurait alors été injectée dans l’atmosphère à ce moment-là.

On estime que plus de 150.000 ans auraient été nécessaires pour que le système climatique absorbe l'excès de carbone et que la température retourne à sa valeur initiale. L’évènement serait donc partiellement comparable à celui qui pourrait se produire au cours du XXIe siècle dans le cadre du pire scénario de réchauffement climatique de l’Anthropocène (période qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre).

Un groupe de chercheurs a essayé de préciser ces chiffres, de les placer en perspective avec le climat depuis 66 millions d’années et de regarder d’un peu plus près la comparaison entre le maximum thermique du Paléocène-Eocène et ce qui se passe actuellement. Leurs conclusions ont été exposées dans un article publié dans Nature Geoscience.

Il semble que l’humanité libère dans l’atmosphère du gaz carbonique à un rythme environ 10 fois plus élevé que n’importe quel évènement pendant la période de temps couvrant le Tertiaire et le Quaternaire, y compris, donc, celui du maximum thermique du Paléocène-Eocène (PETM) qui se serait mis en place en au moins 4.000 ans.

Selon Richard Zeebe, l’un des auteurs de l’étude, professeur à l’université d’Hawaï : « Pour autant que nous le sachions, le PETM a été le plus important dégagement de gaz carbonique au cours des 66 derniers millions d'années. Parce que le taux de libération actuel dont nous sommes responsables est sans précédent sur une telle période de temps dans l'histoire de la Terre, cela signifie aussi que nous sommes effectivement entrés dans un régime climatique inédit.

Cela représente un grand défi pour les projections futures concernant les changements climatiques parce que nous n’avons finalement pas de bonnes comparaisons avec des évènements passés ». Et le chercheur d’ajouter : « Il est assez probable que les perturbations futures des écosystèmes dépasseront les extinctions relativement limitées observées au PETM ».

Source : futura-sciences.com

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