Pour apprendre à se poser sur Mars l'Europe envoie Schiaparelli en mission

Pour apprendre à se poser sur Mars l'Europe envoie Schiaparelli en mission

La mission d'ExoMars 2016 n'est pas seulement scientifique : ce sera le premier atterrissage de l'Agence spatiale européenne sur la planète Mars. 

Baptisé Schiaparelli, le Module de démonstration d'entrée, de descente et d’atterrissage, sera pour l'Europe la mise en œuvre d'une technologie d'atterrissage sur Mars, avec une orientation et une vitesse d'atterrissage contrôlées. Mais cette technologie ne sera pas utilisée par le rover d'ExoMars2018. En effet, l’Agence spatiale russe Roscosmos, qui participe au programme, fournira cet atterrisseur, qui devrait se poser sur Oxia Planum au début de l'année 2019.

Schiaparelli fera la route entre la Terre et Mars à bord de l’orbiteur TGO. Le 16 octobre 2016, trois jours avant son atterrissage, la capsule se séparera de ce compagnon et entrera dans l’atmosphère martienne à la vitesse d’environ 21.000 km/h. Une caméra sera utilisée pour filmer sa descente.

Il se posera dans Meridiani Planum, une plaine s’étendant sur 1.100 km dans la région d’Arabia Terra, où s’est également posé en janvier 2004 le rover Opportunity de la mission MER de la Nasa. Proche de l’équateur et à faible altitude, ce site a été choisi davantage pour augmenter les chances de réussir l’atterrissage que pour son intérêt scientifique. 

Schiaparelli réalisera également une mission scientifique

La traversée de l’atmosphère martienne se fera à l’intérieur de deux boucliers thermiques, conçus et construits par Airbus Defence & Space, qui lui permettront de résister à des températures montant jusqu’à 1.850 °C. Un parachute de 12 m de diamètre, avec des attaches d'une longueur de 16 m, sera déployé à vitesse supersonique et ralentira la capsule, entre 11 et 1,2 km, de 1.700 à 240 km/h. La suite de la descente sera pilotée par neuf rétrofusées. 

Schiaparelli est avant tout un démonstrateur de technologies. Avec cet engin, l'Europe souhaite apprendre à se poser sur Mars. Les technologies utilisées seront nécessaires pour les futures missions d’exploration, comme celles qui ramèneront des échantillons martiens. C’est pourquoi Schiaparelli n'embarque qu’une petite charge utile de quelques instruments. En l’absence de panneaux solaires, ils « fonctionneront pendant seulement quelques jours, au mieux, à l’aide d’une batterie », nous explique Franck Montmessin, directeur de recherche CNRS. 

« Cela nous a contraint à chercher des mesures originales et novatrices à réaliser pendant une durée de vie aussi courte. » Ces instruments mesureront de nombreux paramètres météorologiques à proximité du site d’atterrissage et fourniront également les premières mesures des champs électriques engendrés par les grains de poussières en suspension dans l’atmosphère se frottant les uns sur les autres.

Le mystère des champs électriques de l'atmosphère martienne

C’est l’instrument MicroAres qui se chargera de ces mesures. Il s’agit d'un petit capteur qui va « défricher un champ scientifique encore vierge ». En effet, la présence de ces champs électriques est théorique. Il est donc intéressant de savoir s’ils existent et s’ils sont importants car « potentiellement, derrière cette découverte, il y a une science à repenser ». Sur Terre, dans les déserts, la poussière est à l’origine de phénomènes électriques qui se produisent quand des particules de poussière entrent en collision les unes avec les autres. 

« Les échanges d’électrons peuvent alors créer des champs électriques de plusieurs milliers de volts par mètre. » Sur Mars, ces phénomènes peuvent être suffisants pour avoir des conséquences à grande échelle, « par exemple soulever la poussière du sol et influer sur la chimie de l’atmosphère, ce qui pourrait peut-être expliquer la disparition très rapide du méthane ».

Source : futura-sciences.com

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